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8 août 2006

Élection mexicaine: réponse à Mario Roy 


Bon ça y est. Ç'a pris du temps, mais un éditorialiste de La Presse a décidé d'aborder le dossier de l'élection mexicaine. Pour cela, on se doit de le féliciter. Cela dit...

Dans son éditorial de ce matin Mario Roy fait l'impasse sur les nombreuses allégations de fraude - qui fusent de partout depuis le deux juillet - et s'en remet aux témoignages des 693 observateurs internationaux - chargés de surveiller 130 000 urnes - pour demander au "mauvais perdant" Lopez Obrador de se retirer, rien de moins, et ce, au moment même où le TRIFE (dont vous me pardonnerez de douter de la crédibilité) vient d'ordonner un nouveau dépouillement de 10 % des urnes pour cause d'irrégularités...

Une petite rectification d'abord : les recours juridiques ne sont pas épuisés comme M. Roy le laisse entendre. Les demandes faites par Lopez Obrador devant le TRIFE ont été faites dans le cadre du mécanisme prévu de validation de l'élection. Tous n'ont pas à faire des Al Gore d'eux même et abandonner au premier obstacle venu. Aucun gagnant n'a encore été déclaré.

Saviez-vous par ailleurs que:
  • Plus de 70 000 urnes (sur 130 000) comportent des erreurs arithmétiques.
  • Les irrégularités dans les listes électorales sont flagrantes (voir le point sur l'État de Guanajuato
  • Que Felipe Calderon, le "soi-disant" vainqueur de l'élection, fut témoin d'honneur au mariage de Carlos Ugalde, directeur de l'IFE et responsable du bon déroulement de l'élection du 2 juillet dernier [via Proceso]. Vous ne pouvez y croire, Carlos Ugalde (le president de l'IFE) le confirme lui même dans ce vidéo.
  • Et ce, sans compter les nombreuses autres irrégularités sur lesquelles je ne reviendrai pas ici (voir les billets et liens publiés depuis un mois).
Faudrait au moins en faire mention et présenter une contre-argumentation susceptible de lever le doute. Mais surtout, et cela me semble être le plus important, saviez-vous que les dépenses engagées par les candidats durant la campagne ont été les plus élevées de l'histoire mexicaine, peut-être même s'agit-il des élections dont le coût par tête de pipe furent les plus élevées de l'histoire, tout pays confondu.

Dans ce contexte, pourquoi ne pas recompter les votes comme le demande la coalition "Por el Bien de Todos". Solution plutôt simple à mon avis et moins coûteuse que les "dommages collatéraux" qu'occasionnent les campements qui "paralysent" -c'est vous qui le dites, on me dit au contraire que tout se passe plutôt tranquillo- la ville de Mexico. Solution qui permettrait tout à la fois d'éviter la polarisation de la société et de légitimer la "victoire" de Calderon, si victoire il y a eu bien évidemment... Au final, c'est tout le Mexique, et particulièrement la crédibilité d'un système électoral qui en a bien besoin qui y gagnerait au change. Qu'en pensez-vous M. Roy ? N'est-ce pas un "win-win situation" comme disent les anglos...

Refuser de s'engager en ce sens c'est donner raison à Lopez Obrador qui clame que la plus grande preuve de la fraude réside dans l'obstination à ne pas recompter les votes. Depuis un mois, si cela avait été fait, les évènements ne se seraient sans doute pas bousculés - les manifestants sont toujours plus nombreux et contrairement à ce que vous avancez, les Mexicains ne semblent pas "se lasser de leurs humeurs post-électorales!" (voir les entrées précédentes) - et on pourrait déjà avoir une meilleure idée de la validité de cette élection.

Le jeu dangereux comme vous dites, ce n'est pas Lopez Obrador qui le joue, ce sont les institutions chargées de surveiller les élections ainsi que le candidat Calderon. Le populisme se danse à plusieurs. Vous pouvez taxer Lopez Obrador de populiste, mais là, ce que l'on est en train de créer, c'est une horde de Lopezobraristas. Et ceux-ci, qui sait où ils s'arrêteront. Pas sûr que même AMLO ne puisse les contrôler. La danse de la révolution, le Mexique connaît bien...

En terminant, permettez-moi enfin de vous suggérer quelques lectures, parmi tant d'autres, afin de reconsidérer votre position.
  • Le texte d'Emilie E. Joly intitulé "Les élections présidentielles mexicaines : parodie électorale ou tragédie démocratique ?, paru sur l'Observatoire des Amériques.
  • Le texte de James K. Galbraith qui analyse la fraude "cybernétique"


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