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18 juillet 2007

Des médias, des hommes et des blackberrys 


[Gros beat techno poche et cheap en arrière-fond]
HEY LE JEUNE!?!? T’AS RIEN À FAIRE DE TES SOIRÉES? TU T’ENNUIES?
LE JOURNAL EST PLATE PARCE QU’IL Y A MÊME PAS D’ÉCRAPOU DEDANS? TU VAS QUAND MÊME PAS COMMENCER À LIRE LES TEXTES EN DESSOUS DES PHOTOS ??
HEUREUSEMENT, LA PRESSE EST LÀ POUR TOÉ!!

Ton journal favori t’offre la possibilité de participer aux aventures de PATRICK LAGACÉ™, ton reporter-aventurier préféré!!
Aide Patrick Lagacé™ à détruire son Blackberry™ et cours la chance de gagner un prix*!!!

* La Presse, le groupe GESCA, Power Corporation, la famille Desmarais ou tout détenteur futur de la marque Patrick Lagacé™ se dégagent de toute responsabilité relativement au caractère cheap et sans intérêt du prix.

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Le mélange des genres, suis pas capable... J’aime mon journalisme "straight" et sans ambigüité. Pourtant je ne déteste pas le gars. Son blog est, faut bien l’avouer, intéressant et diversifié. Encore tout récemment, il faisait preuve d’une certaine lucidité face au monde des médias. Mais un blog, c’est un blog: c’est fait pour être dans le mélange des genres. Quand cet épais journal qu’est La Presse se met à mettre en scène ses journalistes-vedettes, là il dépasse les bornes et montre une fois de plus qu'à part son format, il ne se distingue pas en grand chose du Journal de Mourrial.
Ça me rappelle un truc que j'ai lu (mais que je n’ai pas retrouvé, désolé...) autour de la rincée que M. Moore a donné à un animateur de CNN où quelqu’un analysait les motivations probables du docteur-journaliste Sanjay Gupta à « fudger » les faits dans son "reality-check" et à entrer dans une controverses publique avec Moore. Il mentionnait que le type est devenu une PME de communication médicale à lui tout seul : il participe à de nombreuses émissions de radios/tv/podcast en plus d'en animer d'autres. À lui seul, il est « journaliste » à CNN, publie des livres grand public, on peut imaginer qu’il donne des conférences à gros prix, etc. De même, il mentionnait que de « embedded reporter » (ces journalistes qui s’embarquaient avec des unités militaires durant la guerre en Irak. Il n’y a rien de tel pour avoir une distance critique que d'être encastré dans son sujet, n’est-ce pas?) devant rapporter la nouvelle, il est devenu la nouvelle : il aurait procédé « cinq fois » à des opérations de neurochirurgie sur des soldats blessés. L’épisode est devenu le topo en soi. Depuis, la chose est mise bien en évidence dans sa bio sur le site de CNN (on y mentionne également des choses aussi pertinentes que "In 2003, he was named one of PEOPLE magazine's "Sexiest Men Alive" and a "pop culture icon" by USA Today." ). On peut encore consulter le topo écrit ici: "Gupta: Saving lives on the front lines"(rien de moins...), et ceux qui ont vu l’affrontement Moore-vs-Blitzer se souviendront que l’animateur de CNN mentionnait les cinq interventions chirurgicales de Gupta comme preuve de son pedigree journalistique pour le défendre contre les attaques de Moore (cherchez le rapport entre la rigueur d’un journaliste et le fait qu’il soit en mesure d’ouvrir une boîte cranienne....).

Au bout du compte, disait le truc que j'ai-lu-mais-pas-retrouvé, le docteur-journaliste avait clairement intérêt, afin de faire parler de lui, à entrer dans une controverse avec Moore, surtout, écrivait-on, qu'il venait tout juste de faire paraitre un livre qui ne se vendait apparemment pas très bien. on constate d'ailleurs avec la page couverture du livre qu'il serait très clairement abusif de l'accuser de surfer sur sa personnalité... [Edit: Qui l'eut crut! Il a même un blog!!]

En somme, dans le business des médias d’aujourd’hui, ce qui importe est moins la qualité du travail journalistique en soi que le capital de notoriété (c'est-à-dire son caractère de personnalité publique) qu’un « journaliste » peut amasser, mobiliser et faire fructifier. D'où l'importance de mettre en valeur le "produit" et d'en diversifier les débouchés.
C’est pourquoi on va chercher à mettre en scène les journalistes, les disposer bien au centre de leur « reportage » pour être sûr que l’on ne les oublie pas. On voudra leur donner une "humanité", les rendre sympathiques, leur faire faire un tas de choses qui n’ont aucun rapport avec leur travail de journaliste, etc. Parlez-en bien, parlez-en mal, mais surtout parlez-en, et faites augmenter ma valeur sur le marché médiatique.
Quelqu'un a dit Paris Hilton?

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