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16 mai 2007

Rigueur et transparence : Jérome-Forget doit démissionner 


Pas plus tard que la semaine passée, Monique Jérome-Forget faisait la leçon à l'ex-recteur de l'UQAM en rappelant qu'on ne pouvait qualifier de "PPP" le projet de l'Ilot Voyageur. Usant de son flegme habituel et du haut de sa légendaire condescendance, voici ce qu'elle déclarait alors.
"Pauvre monsieur, êtes-vous allé en appel d'offres, en appel de qualification? Quel est le partage de risques?" Il n'était pas capable de répondre. Eh bien, je lui ai dit: "Ne parlez jamais d'un PPP" (Le Devoir, 10 mai).
Pour ceux que ça intéresse, on apprendra plus tard que le Conseil du Trésor était beaucoup plus impliqué qu'il ne le laissait croire, engageant lui-même des centaines de millions dans l'opération. Mais là n'est pas tellement la question.

Ce qui nous intéresse ici, ce sont les éléments mis en lumière par Antoire Robitaille dans un article paru dans Le Devoir de ce matin (on l'aime de plus en plus celui-là) qui nous apprenait que l’Agence des PPP a accordé à la firme Price Waterhouse Coopers "des contrats sans appel d’offres public pour des sommes totalisant quelque 430 000$ à l’automne 2006, dans le cadre du projet de la salle de l’orchestre symphonique, un PPP actuellement en préparation".

Il y a là toute une panoplie de trucs qui tendent à confirmer ce que nous affirmions il y a plus d'un an, alors que le débat sur la création de l'Agence des PPP faisait rage :
Il y a évidemment plusieurs bonnes raisons de s’opposer à cette nouvelle mouture des PPP, : le manque de transparence ; les risques élevés de conflits d’intérêts et de relations incestueuses entre les dirigeants publics et ceux de l’entreprise privée ; la gestion « managériale » de la chose publique où les « indicateurs de qualité » inspirés de la « nouvelle gestion publique », née dans les business schools anglo-saxonnes, sont sensés protéger l’intégrité des services offerts aux citoyens ; la centralisation des décisions vers le Conseil du trésor et l’exécutif du gouvernement, la chimère du partage du risque, le fait que la comptabilité privée ne peut pas être inspectée comme c'est le cas des finances publiques, etc.
Reprenons quelques points à la lueur des informations révélées depuis deux semaines.

D'abord, le contrat de consultation a été attribué sans appel d'offre alors que le règlement est pourtant clair : "
Un contrat ne peut être conclu que s’il a été précédé d’un appel d’offres, sauf lorsque le montant du contrat est inférieur à: 1) 5000 $ pour un contrat d'approvisionnement; 2) 10 000 $ pour un contrat de services auxiliaires; 3) 25 000 $ pour un contrat de construction ou de services professionnels". Et pour un contrat d'un demi-million, et bien, dans ce cas, il semble qu'il ne faut pas s'enfarger dans les fleurs du tapis...

Sur le risque élévé de conflits d'intérets et de relations incestueses entre le public et le privé :
Le président de l’Agence des PPP, Pierre Lefebvre est lui-même un ancien de Price Waterhouse Coopers (PWC), la firme qui a eu le contrat de consultations sans appel d'offre... Par ailleurs, comme le souligne un lecteur du Devoir: " Comment peut-on s'attendre à un rapport objectif sur l'efficacité des PPP quand c'est un client potentiel (ou actuel dans ce cas-ci) qui analyse la situation? Et comment peut-on croire à l'intégrité du président de l'Agence quand celui-ci 1) fait appel dès que possible à son ancien employeur; 2) facilite dès que possible la dérgogation en faveur du même employeur sous des prétextes plus que douteux?

Sur la centralisation des décisions vers le Conseil du Trésor et l'exécutif: Le président de l’Agence des PPP, M. Lefebvre, a demandé — et obtenu — une dérogation au Conseil du trésor pour PWC, et ce, sans que les parlementaires [ni la population] soient informés.

Sur les soi-disant économies : "
Selon les documents obtenus par Le Devoir, l’Agence des PPP a dépensé plus que prévu en 2006-07 pour ce qui est des contrats avec les consultants externes qu’elle a embauchés dans les PPP qu’elle est en train de préparer. (...) "Pour le mois de novembre seulement, un «chargé de projet/professionnel sénior» a facturé 234,5 heures [NDLR : 60 heures/semaine] à l’agence au taux horaire de 325 $, pour la rondelette somme de 76 212,50 $...

Sur la "transparence si chère à Jérome-Forget: "
Plusieurs factures des premiers mois de l’année 2007 n’étaient pas disponibles". Et ben.

Sur la "chimère du partage du risque" : Busac et PWC "are laughing all the way to the bank" comme disent les anglos.... et dire que c'est Lucide Bouchard qui "négocie" le sauvetage des meubles. Quel gâchis!

***
N'y allons pas de main-morte. Soyons rigoureux, soyons transparent. Exigeons la démission de Monique Jérôme-Forget.

[écoutez aussi l'entrevue de Christian Rouillard à Désaultels, quatrième avant-dernier lien]

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