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26 mars 2007

Liste Charest #29: Le financement des écoles juives 


L’histoire avait fait grand bruit et marquait au fer rouge le règne, déjà contesté, du Menteur. C’était en janvier 2005, presque à la moitié d’un mandat litigieux. Alors qu’on apprenait dans les journaux que le Parti Libéral du Québec avait tenu une campagne de financement auprès de la communauté juive de Montréal – campagne qui avait rapporté près de 750 000$ au parti -, Jean Charest autorise le financement à 100% de cinq écoles privées confessionnelles juives, sous prétexte d’une « mission de solidarisation ».

Il s’agit d’un débat à deux volets. D’abord, d’un point de vue strictement sociologique. En dépit de ce que pourraient en penser les fanatiques de Mario (…), il n’y a rien de mal à financer une école privée, qu’elle soit de confession juive ou catholique, d’ailleurs le ministère de l’Éducation le fait depuis toujours. Problème il y a lorsque les contribuables financent à 100% l’école privée – catho ou juive ou mooniste, peu importe. Privé, c’est privé. Remarquez, c’est ça le visage du PLQ en 2007 : prendre aux pauvres pour donner aux riches… En vérité, non seulement cet épisode venait cristalliser dans le public ce rejet des actions du PLQ qui se mesure si bien en ce jour d’élection, mais on pourrait presque voir dans l’affaire du financement des écoles juives la graine des accomodements raisonnables plantée dans la terre populaire…

Puis, il y a la manière. Du grand Menteur. Voyons-y de plus près. Il y a d’abord cette campagne de financement – 750 000$, rappelons-nous. Puis, quelques jours plus tard, cette annonce de financement entier de cinq écoles privées juives. Une décision prise en catimini, apprenons-nous peu après : le financement a été « approuvé » par Conseil du Trésor… pendant que sa présidente, Monique Jérôme-Forget, était en vacances! Le moment était choisi : elle avait désapprouvé le financement des écoles quelques semaines plus tôt…

Puis, Jean Charest envoie le pôvre ministrucule Pierre Reid (en passant, on risque de ne plus le revoir, il serait en danger dans sa circonscription d’Orford) au batte, assurant, à qui voudrait le croire, qu’il s’agit bien d’une décision du ministère de l’Éducation, qu’il dirigeait alors. Mais le mal était fait, et malgré son dévouement aveugle envers son chef, Reid est tassé le 18 février suivant vers le poste, moins reluisant, de ministre des Services gouvernementaux. Février 2006, autre scandale, autre remaniement : Reid est exclu du conseil des ministres du Parti Libéral du Québec. Craquant sous la pression, Charest retire aux cinq écoles juives le financement qui leur avait été promis.

L’affaire du financement des écoles juives est unanimement dénoncée par les observateurs de la chose politique. Dans La Presse du 20 janvier 2005, Vincent Marissal résume magnifiquement la chose :

De deux choses l'une: ou bien Jean Charest savait que le boomerang reviendrait, mais il l'a lancé tout de même au mépris des avis contraires (ou parce qu'il avait promis de le faire) ou alors, il s'est aventuré dans ce champ miné sans se douter des risques qu'il courait. Dans les deux cas, ce n'est pas très rassurant puisque cela démontre que le premier ministre est borné, ou souffre d'une méconnaissance profonde de la société québécoise. De toute évidence, son Conseil des ministres, qui avait enfin l'occasion de discuter du sujet, lui a sonné quelques cloches.


De toute évidence, même après deux ans et un mois de campagne électorale, Jean Charest n’a pas changé…

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