<$BlogRSDUrl$>

12 mars 2007

Liste Charest # 16 : Tentative de mise à mort des CEGEPS 


Au tour de Stéphane Thellen de « Sociéterre, notre monde, notre environnement » de mettre la main à la pâte.

***

Pendant quelques mois, début 2004, une épée de Damoclès fut suspendue au-dessus de nos collèges publics. Bien sûr, ce n'était pas la première fois que cette institution fut remise en question. Or, cette fois-ci, il semblait bien y avoir péril en la demeure dans la mesure où ce fut le gouvernement dirigé par néo-ré-ingénierieur M. Charest qui s'est attaqué au dossier de l'avenir des CEGEPs avec arrogance. C'est en grand admirateur du modèle ontarien (avec ses community colleges) que le gouvernement Charest a lancé son Forum sur l'avenir des collèges. D'aucun y ont vu la possibilité de mettre à mort ce qui fait l'originalité de CEGEPs : le lien entre la culture générale et la formation technique.

Il faut rappeler que la tenue de ce Forum a fait suite aux recommandations controversées du rapport Bédard commandé par la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ, une organisation patronale) qui a défendu l'idée qu'il faille abolir les CEGEPs et qu'ainsi, le Québec ferait de grandes économies financières (1 milliard). Pour ce faire, la FCSQ proposait de transférer une année d'étude du collégial au secondaire et une autre année à l'université. Or, la plupart des analystes, même le très à droite économiste Pierre Fortin, ont remis en question cette supposée économie d'échelle que constituerait l'abolition des CEGEPs, allant même jusqu'à parler de coûts supplémentaires à court terme très importants. Sans mentionner le fait que les CEGEPs constituent un pôle économique et culturel très important dans les régions de la province, pôle dont la remise en question risque d'accélérer l'exode des populations de ces régions.

Ensuite, sur le strict plan pédagogique, nos CEGEPs sont des institutions qui comptent parmi les meilleures et ont permis à la classe moyenne québécoise d'accéder, plus que partout ailleurs, aux études post-secondaires. Comme l'a souligné le sociologue Guy Rocher, au moment fort de la mobilisation contre l'abolition des CEGEPs, ces derniers constituent le plus bel héritage de la Révolution tranquille !

Quant aux conséquences de l'abolition des CEGEPs, il y a tout lieu de penser qu'ajouter une sixième année au secondaire constituerait un facteur de décrochage supplémentaire. Six ans dans les polyvalentes, c'est trop ! Sans compter que tous ne disposeraient pas des moyens financiers ou ne seraient pas prêts à débourser les sommes nécessaires pour cette année universitaire supplémentaire dans une institution où les frais ne cessent d'augmenter.

Nombreux sont ceux et celles qui sont montés aux barricades pour défendre les CEGEPs. Une vaste Coalition-CEGEPs fut créé pour contrer la volonté des libéraux.

Bien sûr, les CEGEPs, comme toutes les institutions publiques, doivent se soumettre à des évaluations périodiques, mais les critiques qu'on leur adresse doivent être constructives et non viser à implanter des réformes structurelles pilotées par des technocrates en mal de réingénierie. Tout comme les coupures dans les programmes de santé déguisées en virages ambulatoires, les réingénieries dans le domaine de l'éducation sont contre-productives et nuisent à l'épanouissement de nos institutions publiques.

La cannibalisation que le gouvernement actuel a tenté d'institutionnaliser entre les collèges, les commissions scolaires et les universités a aboutit, pathétiquement, à une situation où chacun a tenté d'empiéter sur le terrain de l'autre, au détriment du Bien commun. Cela étant dit, des arrimages entre les réseaux sont en cours qui font toujours planer la menace d'abolir les cours de français et de philo aux domaines techniques, ce qui constituerait une brèche dans l'idée que les collèges visent à démocratiser l'accès à des savoir de sens...

Continuions à faire démentir les propos réducteurs de Jean Charest qui, devant une réunion patronale, prétendait que « l'éducation, c'est fournir un bon capital humain au marché ».

*****

Fait : comble de l'arrogance, le Forum sur l'Avenir des CEGEP'S, Deux jours de cirque à Québec s'est tenu au même moment où se déroulait le Congrès de l'AQPC (l'Association Québécoise de Pédagogie Collégiale) auquel tous les intervenants du milieu collégial étaient invités et mobilisé. De plus, les modalités de participation au forum virtuel de l'ex-ministre de l'éducation Pierre Reid étaient extrêmement restrictives : textes très courts portant sur un des cinq thèmes déterminés par le ministre, délais de préparation très courts aussi, présentation de mémoires réservés à des organismes, etc. On a bien vu, encore une fois, le mépris pour la véritable consultation démocratique de ce gouvernement.

Stéphane Thellen

Libellés : , ,



This page is powered by Blogger. Isn't yours?