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11 mars 2007

Liste Charest # 15 : Patapouf et l'étiquetage obligatoire des OGM 


C'est au tour de Mathieu C, du laid, mais cinglant "blogue de Mathieu C" de nous alimenter avec un texte précédé d'un titre à "coucher dehors" dans un champ de soya transgénique. Voici ce qu'il a à dire concernant une autre promesse qui a pris le champ, celle concernant l'étiquetage obligatoire des organismes génétiquement modifiés (OGM).

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Onirique Gouvernement Munificient
Envers et contre tous en Amérique, un Québec dirigé par le Parti libéral exigera l'étiquetage obligatoire des organismes génétiquement modifiés (OGM) utilisés dans les aliments vendus sur son territoire. (…) La position du PLQ face à l'étiquetage obligatoire des OGM constitue l'élément le plus audacieux de ses "priorités d'actions politiques pour le secteur bio-alimentaire québécois". (…)
Le Québec peut difficilement imposer seul à toutes les compagnies qui exportent sur son territoire d'indiquer obligatoirement la présence d'OGM. "Mais on peut au moins le faire pour les entreprises qui produisent chez nous", dit David Whissel. Et si les entreprises québécoises se plaignent de souffrir d'un lourd désavantage face à leurs concurrentes d'outre-frontières? Une mention "contient des OGM" n'est pas perçue comme étant appétissante... David Whissel balaie les récriminations en disant que le rôle du gouvernement est de répondre aux attentes des citoyens. "Le consommateur veut être informé." L'étiquetage obligatoire ne pourra être imposé sans une "période de réflexion", admet M. Whissel, "mais on le veut et on prendra les moyens pour y parvenir". Et tant pis si le reste du Canada ne suit pas, "le Québec sera un chef de file". (La Presse, mercredi 15 janvier 2003, p. A6)
Ha… c'était le bon temps! On était naïf, on croyait que c'était possible. Il faut dire qu'à cette époque si lointaine, on croyait également aux baisses d'impôts et pour nous, la réingénierie de l'État, ça voulait dire de mettre plus d'ingéniosité dans l'État.

Mais aujourd'hui, j'ai beau faire le tour de mon épicerie en scrutant à la loupe emballages, empaquetages et contenant, je ne vois nulle part quelque mention que ce soit quant à la présence d'OGM dans ma nourriture.

Alors, là, deux solutions : soit le Québec est devenu complètement bio, soit le gouvernement s'est férocement pogné le beigne transgénique.
Le PLQ a reconnu qu'il avait abandonné une promesse formulée à la dernière campagne électorale en 2003, l'étiquetage obligatoire des OGM contenus dans plusieurs aliments, en raison de la résistance chez certaines entreprises agroalimentaires québécoises. (Le Soleil, Actualités, dimanche 25 février 2007, p. 8)
Voilà qui explique tout : les entreprises ne voulaient pas. C'est un peu comme quand on leur demande si elles veulent qu'on augmente leurs impôts. Voilà une situation qui n'était absolument pas prévisible lorsque la promesse a été faite. Qui aurait pu se douter que les entreprises ne seraient pas très chaudes à l'idée de dire ouvertement à leurs clients que leurs produits contiennent des OGM…
«Aux lettres d'intention, on oppose l'action», a déclaré André Ménard, l'attaché de presse du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, Yvon Vallières. Le gouvernement Charest a créé un site Internet sur les OGM et commandé une étude sur les répercussions économiques de l'étiquetage obligatoire des OGM au Québec ainsi que deux recherches concernant des méthodes de détection de la présence d'OGM dans des aliments, a mentionné M. Ménard. «Le droit de la population à obtenir cette information-là [concernant la présence d'OGM], on y croit fermement, mais il faut le faire de façon responsable», a-t-il dit. (Le Devoir, Politique, jeudi 10 août 2006, A3)
Donc, en 3 ans et demi au pouvoir (août 2006), ils ont monté un site web et commandé une étude. Voilà ce qui arrive quand on croit fortement à quelque chose : on y mets le paquet!
(…) Le système d'étiquetage obligatoire, promis par les libéraux de Jean Charest lors de la dernière campagne électorale, est compromis, a appris La Presse. "Il n'y a pas de projet de loi dans le radar", confirme l'attaché du ministre de l'Agriculture Yvon Vallières, André Ménard.

"Nous ne ferons rien avant d'avoir reçu les recherches qu'on a demandées sur la question", indique-t-il. Or les deux études commandées par Québec à l'automne 2005 ne seront pas prêtes avant l'automne 2007.

De plus, Québec refuse maintenant d'aller de l'avant sans les autres provinces dans ce dossier. Celles-ci sont toutefois réticentes ou carrément opposées à l'étiquetage obligatoire des organismes génétiquement modifiés.

Déjà, l'Alberta a fait connaître son refus. "Les systèmes actuels de sécurité alimentaire sont suffisants et nous ne voyons pas la nécessité de l'étiquetage obligatoire", précise un porte-parole du ministère de l'Agriculture albertain, Wilma Teklemariam. L'Ontario, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick sont aussi opposés à l'étiquetage obligatoire des OGM. La Presse, Actualités, mercredi 12 juillet 2006, p. A2
La position du reste du Canada, on le savait déjà en 2003, et ça n'a pas empêché les Libéraux de faire la promesse et même de dire, et je le répète, puisque c'est bien drôle à lire, que « le Québec sera un chef de file » si le Canada ne s'y mettait pas.
« On n'ira pas de l'avant sans les autres provinces. On ne peut pas isoler le Québec et pénaliser certaines entreprises », explique M. Ménard. Aucun État nord-américain n'oblige présentement l'étiquetage obligatoire des OGM.

(…)D'autant plus que, selon Éric Darier [de Greenpeace], il resterait beaucoup de chemin à parcourir si le gouvernement voulait se doter d'une politique d'étiquetage. Trois ans après son élection, Québec n'a pas encore établi de système de traçabilité. Un tel mécanisme est pourtant nécessaire pour garantir qu'un produit ne contient pas d'OGM. En fait, il n'existe aucun système de ce genre au Canada. (La Presse, Actualités, mercredi 12 juillet 2006, p. A2)
Bref, le gouvernement Charest a promis l'étiquetage des OGM, parce que les sondages disaient que les Québécois le voulaient. Bref encore, ils ont laissé faire parce que le big buissness agroalimentaire n'était pas d'accord et parce que le reste de l'Amérique du Nord ne suivait pas, ce que n'importe quel badaud pas informé aurait pu leur dire.

Serions-nous en présence d'une promesse opportuniste du PLQ qui fut bafouée au cours de leur mandat? Je n'irais pas aussi loin. Après tout, le PLQ n'a pas eu l'habitude de nous faire de telles déceptions.

Pour cette élection, ni le PQ, ni le PLQ, ni l'ADQ n'en font mention dans leur programme. Est-ce un progrès?

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