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16 novembre 2006

Milton Friedman et sa recette 


Preuve que les meilleurs partent toujours en premier, après John Kenneth Galbraith décédé en avril dernier, voilà qu'un autre économiste qui a marqué - et marque encore - le vingtième siècle, Milton Friedman, le pape du désengagement de l'Etat et du néolibéralisme [et l'artisan de ce qu'il appellera le Miracle chilien sous Pinochet...], s'éteint à l'âge de 94 ans. En espérant qu'il emportera ses idées avec lui.

Au sujet du débat entre les deux, lire l'excellent article du Boston Globe (2005). Voir aussi les vidéos sur le site de PBS.

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Pour ceux qui ne connaissent pas Milton Friedman, notons simplement qu’il fut, au cours des cinquante dernières années, le promoteur officiel de LA RECETTE. Les gouvernements de Reagan, Thatcher, Bush, Mulroney, Bouchard, Charest et j’en passe, se chargeront de la cuisiner.

Recette néolibérale

  • Trois tasses de retrait de l’État
  • Plusieurs grosses cuillerées de dérégulation du travail
  • Une once de démocratie, mais pas trop. À utiliser surtout si les gouvernements élus appliquent la recette. Dans le cas contraire, mieux vaut ne pas ajouter cet ingrédient.
  • Cuire à feu très vif en contrôlant à tout prix l'inflation. Cette étape sera facilitée par le dégraissage préalable des salaires et de l'emploi.
À proscrire : toute barrière à la liberté de commerce.

Pour un plat encore mieux réussi, la recette recommande de s’approprier au plus possible le bien commun et de s’assurer, en le brevetant, qu’on ne puisse vous l’enlever.

Derniers conseils : 1) Prière de respecter le droit de propriété en tout temps, et ce, même si cela fait en sorte que des millions de sidéens meurent, faute d’avoir accès à des médicaments à bon marché. 2) N’essayer surtout pas de variantes. La recette, sans aucune modification, peut être appliquée à toutes les sauces.

Indice de difficulté : Avec un cerveau moyen, cette recette, somme toute fort simple, peut être maitrisée en cinq petites minutes.

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Au Québec, l’IEDM, et sa propagandiste officielle, Nathaly Elgrably, se charge de la faire connaître au bon peuple dans le Journal de Monrial. On dit que Claude Picher en est jaloux.

Quelques exemples de la recette appliquée par Elgrably :

Pourquoi l’Afrique en arrache ? C'est simple: pour qu'un pays s'enrichisse, il faut que son gouvernement mette en place un système judiciaire fiable, qu'il respecte les droits de propriété, réduise ou élimine les barrières commerciales, encourage l'entrepreneurship et le travail, et attire les investissements étrangers (16 novembre 2006).

Comment gérer les problèmes sociaux ? Comme ils font fi des enseignements de la science économique et qu'ils défient les principes économiques les plus élémentaires, leurs actions font souvent l'effet d'un mauvais sort digne de la magie noire (…)Comment ce qui devait être un élixir pour améliorer le niveau de vie de certains s'est-il transformé en un sortilège qui garantit un appauvrissement relatif de tous? Tout simplement parce que nos décideurs ont négligé le fait que les hausses d'impôts pénalisent l'effort et l'innovation et que, par conséquent, ils étouffent toute incitation au travail, à l'investissement et à l'entrepreneurship. (…) Pour résoudre les problèmes économiques et sociaux, il vaut mieux que l'État se consacre à susciter le dynamisme de notre économie en créant un environnement favorable au travail et aux affaires. (2 novembre)

Sur la faible productivité québécoise ? La faible productivité n'est pas une maladie incurable. Le remède est simple: il faut que les entreprises investissent dans la machinerie et qu'elles allouent plus de fonds à la recherche et développement. (…) Or, vu les contraintes importantes que leur imposent les lois du travail et les syndicats, et la gourmandise du régime fiscal, elles sont peu incitées à investir au Québec. (20 octobre)

Sur l’effondrement du viaduc de la Concorde ? Une commission d'enquête? Pour enquêter sur quoi au juste?(…) Ce n'est pas tant la construction du viaduc qu'il faut mettre sous enquête que l'édification de tout notre système économique. (…) Le véritable problème n'est pas le sous-financement du réseau routier, mais le réflexe des Québécois de compter sur l'État pour tout financer au nom des «choix de société». L'effondrement du viaduc est emblématique d'une société qui préfère compter sur l'État plutôt que d'assumer ses responsabilités. (12 octobre)

J’arrête ici. Inutile de vous importuner davantage. Même à petites doses, LA RECETTE donne des nausées.



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