<$BlogRSDUrl$>

12 septembre 2006

Benoit Pelletier et les travers de la traduction 


[Puisque le Devoir de ce matin en parle, je déplace ici, ce billet originalement paru il y a plus de deux semaines. Mes félicitations à Cent papiers pour le scoop!]

Il y a un certain temps déjà, on vous avait entretenu sur ce carnet de "l'affaire Cuccioletta", dévoilée par le journaliste Antoine Robitaille du Devoir en octobre 2004.

Cette fois, c'est l'actuel ministre aux Affaires intergouvernementales canadiennes et aux Affaires autochtones, M. Benoit Pelletier, autrefois professeur à la faculté de droit de l'Université d'Ottawa, qui est sur la sellette.

Selon Luc Noppen et Lucie K. Morisset, la conclusion de l'article intitulé "The case of the treasure of L’Ange-Gardien : An overview" rédigé par le désormais "honorable" Pelletier dans le International Journal of Cultural Property (vol. 2 n. 2 p.371-382, 1993) "n'est pas sans rappeler" un passage d'un texte de Derome, paru dix ans plus tôt dans la revue Continuité.

Le pot-aux-roses a été éventé par ces auteurs dans leur ouvrage Les églises du Québec: un patrimoine à réinventer paru récemment (2005). Olivier Niquet, sur Cent Papiers, s'est chargé de faire connaître l'histoire au grand public.

La conclusion de Pelletier va comme suit:

Many of those involved in the preservation and enhancement of religious artifacts were called as witnesses in the case of the treasures of l'Ange-Gardien: these included archbishops, bishops, canon law specialists, parish priests, vergers, churchwardens, the Minister of Cultural Affairs, governments officials, museum directors and curators, art historians, antique dealers, and collectors.

A great deal was learned form their testimonies on the commercial dealings of religious objects from the 1930s to the 1970s. In some cases, it showed how the religious, political and administrative authorities turned a blind eye to the dealings.

During this case, several ideas and complex realities were discussed. They pertained to the usual customs regarding the dispositions of art objects used in worship; on the legal status of the parish priest and the parochial administrators and on their powers in regard to successive laws concerning the administration of fabrics, on the role and powers of dioceses in the administration of these goods; on the imprescriptible character of sacred things compared to the sale of these objects as patrimonial art objects and, finally, on the interrelation of canon and civil law.


Without a doubt, the case of l'Ange-Gardien brought about important cultural changes in the attitudes of Quebecers towards cultural and art objects and towards patrimonial goods. The lawsuit made the headlines of newspapers and became a favourite subject of conversation in the wings of presbyteries, bishop's palaces, museums, government offices, antique dealers' stores and collectors' sitting rooms, The result was that all these people became more prudent when dealing with religious artifacts.

La texte de Derome va comme suit :

L'exposition de la preuve fut très riche en révélations de toutes sortes, car elle amena à la barre un éventail impressionnant de témoins représentant à peu près tous les intervenants impliqués dans la préservation et la mise en valeur du patrimoine mobilier religieux: archevêques, évêques, spécialistes du droit canon, curés, bedeaux, marguilliers, ministres des Affaires culturelles, administrateurs du gouvernement, directeurs et conservateurs de musées, historiens de l'art, antiquaires, collectionneurs, rabatteurs, etc. Leurs témoignages nous en apprennent long sur le marché de ces objets pour la période allant de 1930 à 1970. Certaines de leurs déclarations démontrent la complaisance des autorités religieuses, politiques et administratives, qui étaient au courant du phénomène; la réalité semblerait donc avoir été moins angélique que Morisset voulait bien le prétendre par ses professions de foi optimistes.

Au cours de ces procès, de nombreux concepts et réalités complexes furent soumis à la discussion: exposés sur les us et coutumes concernant la disposition des objets d'art servant pour le culte; le statut juridique et les pouvoirs du curé et des gestionnaires paroissiaux sous le couvert des lois successives concernant l'administration des fabriques; les pouvoirs et le rôle des diocèses dans la gestion de ces biens; la définition et la notion de "choses sacrées et son impact juridique et administratif; le caractère imprescriptible des "choses sacrées" confronté à la vente de ces objets comme oeuvres d'art faisant partie du patrimoine; l'inter-relation entre le droit canonique et le droit civil. Toutes ces questions sont loin d'être réglées puisque le jugement Bernier, qui a jugé en faveur de la fabrique en lui donnant droit d'être déclarée propriétaire des biens en litige, fait encore l'objet de contestation par les défendeurs devant la Cour d'Appel du Québec. D'après certains procureurs qui contestent vivement le jugement Bernier, cette cause n'obtiendra pas sa conclusion avant encore plusieurs années.

[...]

Même si la cause portée devant les tribunaux par la fabrique de L'Ange-Gardien n'a pas encore connue son dénouement, elle n'en a pas moins contribué à des modifications substantielles dans nos attitudes collectives à l'égard du patrimoine mobilier religieux. Ce procès ayant fait la manchette des journaux et l'objet de sujets de conversations dans les coulisses des presbytères, évêchés, musées, bureaux du gouvernement, boutiques d'antiquaires et salons de collectionneurs, tous ces intervenants semblent être devenus beaucoup plus prudents au sujet des transactions d'objets mobiliers religieux.

M. Pelletier a invoqué "la traduction" afin d'expliquer l'étrange ressemblance...

Nos félicitations à M. Niquet. Voir son texte sur Cents papiers pour plus de détails.


This page is powered by Blogger. Isn't yours?