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10 juin 2007

Claude Castonguay : Crédibilité zéro 


C'est un peu sorti du radar médiatique, mais bon, ça fait quelques semaines que je me dit que je devrais publier au sujet de Claude Castonguay à qui notre cher Patapouf national a confié la direction des travaux d'un énième groupe de travail sur l'avenir du système de santé. J'ai tellement tardé que plusieurs m'ont pris de court. Histoire de vous faire profiter de mes lectures, voici une petite revue de presse à son sujet.

Notons d'abord la contribution de Pierre Foglia qui rappelait dans sa chronique d'hier que M. "Le père de l'assurance-maladie" était déjà, dans les années 1970 pour une médecine à deux vitesses:
Quand on parle de M. Castonguay, on ajoute, c'est devenu un automatisme, «le père de l'assurance maladie au Québec». Ah, c'est lui, ça! C'est lui la gratuité, c'est lui l'universalité... Aujourd'hui, M. Castonguay prône farouchement la privatisation des services de santé, veut introduire le principe «de l'utilisateur-payeur», et les gens se taisent, respectueux et impressionnés: c'est tout de même bien le père de l'assurance maladie qui parle, il est sûrement le mieux placé pour la réformer... Il y a ici, pour le moins, une petite erreur de perception. Je me souviens d'avoir manifesté, au début des années 70, contre M. Castonguay, alors ministre de la Santé dans le gouvernement Bourassa. Il était déjà, à l'époque, en faveur d'un système de santé à deux vitesses. Bref, contrairement à ce que vous avez tous l'air de croire, M. Castonguay n'a pas inventé la social-démocratie, ni même l'assurance maladie. L'assurance maladie ne serait pas ce qu'elle est depuis 35 ans sans les pressions populaires du début des années 70.
Comme le souligne Michel Monette, il en serait plutôt le beau-père obligé d’accepter malgré lui une progéniture engendrée par le vrai père que l’histoire semble vouloir oublier : le mouvement syndical" [Le Québec a été la dernière province à l’adopter en 1970... Les médecins étaient trop puissants ]. Bref, comme le rappelle Simon Turcotte: " En 1969, il [Castonguay]proposait au gouvernement de l'Union nationale que l'assurance maladie ne s'applique qu'aux plus pauvres. Élu en 1970 et devenu ministre de la Santé dans le gouvernement libéral, il ouvrait la possibilité de dépassements d'honoraires pour une catégorie de médecins, projet vivement combattu par les forces populaires et finalement modifié." [À ce sujet, voir aussi les reportages dans les archives de Radio-Canada].

Et il est rendu où dans sa réflexion le "père" Castonguay ?

Kathleen Lévesque fait un compte-rendu de l'allocution prononcée par Castonguay devant l'Institut économique de Montréal (on a les tribunes qu'on veut bien avoir...):
  • M. Castonguay prône une contribution des usagers (ticket modérateur) "afin de responsabiliser la population"
  • Deux autres options de financement obtiennent l'appui de M. Castonguay, dont l'établissement d'un régime d'assurance contre la perte d'autonomie et la possibilité de souscrire une assurance privée, ce qui, selon lui, donnerait une liberté de choix à la population.
  • Il propose également de revoir de fond en comble le rôle de la Régie de l'assurance maladie afin qu'elle marchande les soins que les établissements de santé, publics ou privés, fourniraient.
Michel Monette, encore lui, relève aussi qu'il est "obsédé par le ticket modérateur"et renvoie aux travaux de Pierre-Yves Geoffard qui souligne l'inefficacité de cette mesure. Voir aussi le texte de JC Allard (aussi paru sur Cent Papiers).

Et quelles rigueur et objectivité peut-on espérer...

...d'un homme qui, comme le souligne Jean Robert Sansfacon, a déjà fait ses conclusions avant que ne débutent les travaux du comité
---qui, comme le relève Olivier Niquet, a été Ministre de la santé pendant trois ans... et assureur le reste de sa vie
... qui "désire s'associer dans sa démarche à Michel Clair, également ancien ministre, mais surtout actuel président-directeur général du Groupe de santé Sedna (...) une entreprise [qui] vend des services d'hébergement et de soins de longue durée, des services à domicile, des soins infirmiers, gère des hôpitaux en Amérique latine et des résidences pour personnes âgées. (voir le texte de Line Bonamie paru dans le Devoir)
...qui est membre du think tank CIRANO, une véritable machine à faire la propagande du tout-au-marché.

Voilà. C'est un peu tout croche comme présentation, mais j'invite les lecteurs intéressés à parcourir les quelques liens proposés pour constater l'ampleur du désastre qui nous attend.

***

EN RAPPEL: Dans une entrevue accordée à l'émission l'Heure des comptes en mai 2006, "l'économiste" Johanne Castonguay - la fille de l'autre et aussi "chercheur" à CIRANO - évoquait le "coût marginal d'attente" peu élevé des pauvres... Un classique malheureusement évacué des archives de la radio de Radio-Canada.

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