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22 mai 2007

Grève du Syndicat de la STM: une simple question 



J'admets que je ne suis pas particulièrement ferré en questions syndicales. C'est donc le gros bon sens qui me dicte cette réflexion à propos de la grève qu'a déclenché hier le Syndicat du transport de Montréal - Employé(es) des services d'entretien, affilié à la CSN.

Premier constat, réalisé avec mon regard d'usager du métro: 'font chier.

Cela étant dit, je précise que je suis d'ordinaire favorable aux syndicats, eux qui auraient de moins en moins la cote auprès de la population - les 2/3 d'entre nous, si on se fie grossièrement aux résultats des dernières élections provinciales... Peser le pour et le contre dans ce conflit est néanmoins assez simple, si on regarde les chiffres objectivement. Et surtout, si on cherche à voir un peu plus loin que ce que disent ces chiffres.

Ainsi, je suis plutôt d'accord avec la réflexion de Jean-Robert Sansfaçon, éditorialiste au Devoir (un quotidien qu'on peut difficilement taxer d'anti-syndicalisme) lorsqu'il avance que sur "le fond des choses, la Ville ne doit pas céder devant cette offensive syndicale aussi prématurée qu'injustifiée". Extrait de l'éditorial L'Impossible Négociation (Le Devoir, samedi 19 et dimanche 20 mai 2007):
Depuis des années, les employés des grandes villes du Québec profitent du monopole syndical dans la livraison de services essentiels comme le transport collectif ou l'enlèvement des ordures ménagères ou de la neige en hiver. Ce monopole leur a permis d'exercer un rapport de force tout à fait disproportionné et d'arracher des conditions de travail inéquitables lorsqu'on les compare à celles de leurs homologues de la fonction publique du Québec.


Bien sûr, à la comparaison des conditions salariales de leurs homologues de la fonction publique du Québec, les partisans du Syndicat du transport de Montréal opposeront d'autres chiffres - et ainsi va la bataille. En voici, tirés du blogue Sur les lignes - une chronique syndicale, entrée du samedi 19 mai dernier (l'extrait n'est pas intégral, il était nécessaire de corriger les fautes d'orthographe...):
Trop payés?

Les gens, en tout cas beaucoup de ceux qui s'ouvrent la trappe sur les forums, sont scandalisés d'apprendre que les ouvriers et les employé-es d'entretien de la STM sont bien payés. Certains pensent même que la STM pourrait baisser le salaire des mécaniciens à 20$ de l'heure et que ce serait quand même facile de trouver des gens heureux d'occuper des emplois à d'aussi bonnes conditions. La vérité, pourtant, c'est que la STM [est] limite compétitive [avec] les conditions qu'elle offre.



"Limite compétitive" avec le privé? Peut-être. Avec les ST des autres grandes municipalités du Québec? Voilà tout le problème que soulève Sansfaçon. Certes, le problème salarial fonction publique/privé n'est pas l'apanage de la STM (demandez aux médecins québécois émigrés aux États-Unis), or nous n'entrerons pas dans ce piège. Cependant, j'aimerais bien que le syndicat (ou les auteurs du blogue Sur les lignes, tiens) répondent à cette affirmation de l'éditorialiste du Devoir:
Malgré ces deux interventions [de Québec en faveur des villes lors de conflits], les employés de Montréal ont maintenu et même accru l'écart salarial qui les séparait des fonctionnaires provinciaux, notamment au chapitre du régime de retraite alors qu'un salarié de la STM a droit, après seulement 30 ans de service, à une rente après impôts supérieure à son revenu net de fin de carrière, et ce, même avant l'âge de 50 ans! [...]
Ironie de l'histoire, c'est la bonification de ce même régime de retraite qui est au coeur des revendications, tout juste à côté des 60 millions de nouvelles demandes salariales. Rien de trop beau pour les employés de nos monopoles publics!


Bref, tout ça pour dire que sur le front de l'opinion publique, pas certain que le syndicat ait gagné la bataille, même auprès de gens comme moi qui sont généralement pro-syndicats. Et pour tout dire, ce n'est pas en faisant chier le citoyen usager des transports en commun qu'on gagne des appuis. Cette grève tombe d'autant plus mal que la question de la protection de l'environnement, intimement liée à l'utilisation de l'automobile vs le transport en commun, est un sujet extrêmement chaud (s'cusez le jeu de mots) qui touche la population, laquelle a très bien accueilli le programme dévoilé par la ville la semaine dernière où on faisait mirroiter voies piétonnes, pistes cyclables et tramway.

Finalement, ma question est celle-ci: messieurs les syndiqués, au lieu de nous faire chier en nous privant de transport en commun et en forçant les travailleurs de la région montréalaise à reprendre l'habitude de voyager en voiture (à 1,20$ le litre d'essence...), n'eut-il pas été plus efficace d'ouvrir les guichets du métro et de faire monter les usagers gratis dans l'autobus? La pression aurait été toute aussi grande sur le patronat, et vous auriez gagné l'appui de la population, non?

Bravo, les gars. Braaaa-vo.

//UPDATE//

Dans les commentaires, le blogueur Tetoine y va d'une observation qui m'avait échappé en écrivant ma conclusion. La voici:
Votre dernière suggestion a été appliquée dans un récent conflit aux pays bas si je ne m'abuse... et elle avait très bien fonctionnée. Par contre, il s'agissait d'une grève de chauffeurs.

Les employés d'entretien n'ont pas ce pouvoir. Et si les guichetiers ouvrent les tourniquets, ils se retrouvent en situation d'insubordination et ou peut-être même de grève illégale...


Ç'a ben du bon sens, comme dirait l'autre. Alors, s'il n'y a pas vraiment moyen de faire passer gratis les usagers de la STM, y aurait-il un autre moyen de pression qui saurait remporter la faveur du public au lieu de paralyser les transports en commun? Quelqu'un a une suggestion?


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