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20 janvier 2007

Juste une dernière fois 


J’ai hésité avant de beurrer encore l’écran de ma réflexion entourant LE débat. Quand on a besoin d’aborder le même sujet soixante-quinze fois en un mois — salutations à Richard Martineau —, c’est où bien qu’on radote des idées simplistes où bien on essaie d’enfoncer nos opinions dans la gorge du lecteur… où bien on est incapable de s’exprimer clairement et j’ai comme l’impression que mes commentaires épars, dispersés sur plusieurs billets méritent précision. Je n’en ferai pas une habitude.

Qu’ai-je donc à dire ? Par-delà les histoires de chiffres, les choix de réponses discutables, les interprétations ridicules avancées par le sondeur, les catégorisations bizarroïdes confondant nationalités, religions et « ethnies », etc. etc., qu’est-ce que nous disait le sondage du JdeM ? Qu’il y a du racisme au Québec. Combien? Plus ou moins qu’ailleurs ? Je ne sais pas. Mesurer le racisme est en soi un exercice très périlleux, voire futile. Plus encore, de constater qu’il y a du racisme au Québec, ce n’est certes pas banal, mais ça devrait être une banalité puisque le racisme existe partout. Mais on a tellement l’habitude de se péter les bretelles de notre soi-disant « tolérance » - quelle horreur que ce mot- que de le dire semble être un tabou avec un grand T. Nous mettre dans la face cette évidence, voilà peut-être la seule vertu de l’exercice du JdeM. J’ai donc été fortement hérité par le bataillon de politiciens, analystes, chroniqueurs et blogueurs de tout acabit qui se sont subito amenés au front, avec leur panoplie d’arguments circonstanciels – biais, timing, etc — pour nous dire que ce n’était pas vrai.

Mais revenons au sondage. Qu’est-ce qu’il nous dit encore ? Que les gens n’hésitent pas à dire qu’ils sont racistes. Pourquoi les gens n’hésitent-ils plus à se dire racistes? Pourquoi est-ce soudainement devenu socialement acceptable de se dire « un peu raciste » ? Il me semble que cela a largement à voir avec le débat très mal engagé sur les accommodements raisonnables, et ce, bien avant le fameux sondage. Et à ce niveau, il me semble que c’est l’ensemble de la classe médiatique qui devrait s’interroger. Est-ce qu’en relatant jour après jour, avec bien peu de mise en perspective, des exemples ponctuels d’accommodements « dé/raisonnables » qui ont mal tourné, on stimule le racisme ? Me semble qu’il y a là matière à réflexion.

Alors, la grande question. Que faire dans ces circonstances ? Réitérer que le racisme est inacceptable. Établir une politique publique pour lutter contre le racisme. Expliquer, expliquer et réexpliquer ce qu’est le principe des accommodements raisonnables. Montrer des exemples d’accommodements déraisonnables, mais AUSSI des exemples d’accommodements acceptés et acceptables. Présenter des analyses intelligentes faites par des gens capables d'aborder ce sujet difficile. Prévoir des balises afin de guider les gens ayant à prendre des décisions à cet égard. Se demander si c'est aux tribunaux ou au politique d'arbitrer ses questions. Voilà des manières dont j’aimerais en entendre parler. Mais au lieu de cela, ce que je vois, c’est une guéguerre absurde par médias interposés d'une part et, d'autre part, des politiciens qui, ou bien agisse de manière irresponsable en jetant de l’huile sur le feu (oui, oui c'est toi que je vise Mario), ou bien jouent à l’autruche.

Alors oui, varlopons le consortium JdeM-TVA-Débile Léger-Convergence inc pour son exploitation sensationnaliste de la chose. Mais qui s’en surprendra? Pouvait-on vraiment espérer autre chose ? J’ajouterais même que, puisqu’il s’agit là d’un sujet particulièrement sensible qui se doit d’être traité avec tact, on devrait peut-être s’abstenir de l’aborder quand on a juste Richard Martineau, Denise Bombardier et Fabienne Larouche pour mettre la chose en perspective et Paul Larocque pour poser des questions. Mais la critique faite, tentons d’être pertinent, cohérent et d’élever le niveau du débat.

Bon. J'arrête de ponctifier et je passe à un autre appel. Promis.

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