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28 novembre 2006

Avenue du Parc 



Bien sûr, il aura fallu attendre que les citoyens dégagent du parvis de la mairie pour que le conseil municipal entérine le changement de nom de l'avenue du Parc en avenue Robert-Bourrassa, un changement effectif le 28 novembre 2007, si on se fie à la littérature municipale. Qu'ils sont gênants, ces Montréalais...

Toute cette affaire est franchement consternante et rappelle, dans une autre mesure, le changement de nom de l'aéroport Dorval de Montréal en aéroport PET de Montréal (en passant, essayez donc de trouver un chauffeur de taxi qui n'utilise plus de nom Dorval...). La différence, c'est qu'on s'en fout un peu que notre aéroport s'appelle PET, alors qu'on est plutôt interpellé par le changement de nom de l'avenue du Parc. De plus, la rebaptisation de l'aéroport montréalais devient un fameux symbole pour le catastrophique héritage aéroportuaire que nous a incidemment laissé Trudeau et dont, au bout du compte, la mémoire de Trudeau, déjà passablement écorchée ici, se serait peut-être passé...

Or, il est consternant de voir combien l'administration Tremblay se fout de l'avis de ses citoyens. D'abord en forçant le choix de l'avenue du Parc, tout en nous prenant pour des cons. Le choix? L'administration nous en imposait deux: le boulevard Saint-Joseph ou l'avenue du Parc. J'imagine qu'il est plus facile de piler sur l'héritage du Montréal multiculturel que sur celui des "Pure laines".

L'éventuel changement de nom a provoqué une levée de boucliers de la part des résidents des quartiers Plateau-Mont-Royal et Villeray-St-Michel-Parc-Extension. La pétition en appui au maintient du nom avenue du Parc a récolté 42 000 noms - celle-ci n'en indique qu'environ 19 000, je ne sais où sont les 23 000 autres, mais 42 000 est le nombre rapporté dans les médias, or j'en déduis qu'il y plus qu'une pétition.

Il y a deux manières de considérer ces 42 000 voix qui s'y opposent. Si toutes ces voix résident dans les quartiers directement concernés par le changement de nom, on constate que 17% des résidents - 101 364 dans Plateau-Mont-Royal, 145 000 dans Villeray-St-Michel-Parc-Extension. La conclusion mathématique: une minorité seulement a pris la peine de signer la pétition pour s'opposer à l'avenue Boubou.

Mais d'autre part, 42 000 voix, c'est du monde en sacramant pour se lever contre une décision censée honorer un personnage qui a marqué l'histoire de notre nation (chu en train de mélanger les controverses, là!). Est-ce vraiment ce que mérite la mémoire de Robert Bourrassa? Dans le cas de l'aéroport, je crois que finalement, oui, PET ne méritait rien de moins qu'un aussi lamentable symbole de l'inéquité fédérale-provinciale. Bourrassa? Quoi qu'on en pense (surtout si on est souverainiste), Robert Bourrassa mérite un monument/voie publique à son nom. Mais pas au mépris d'une portion significative de Montréalais. L'administration Tremblay fait preuve d'une telle arrogance dans ce dossier qu'on croirait notre maire investi d'une sorte de don "d'infaillibilité municipale". À moins qu'il ait commencé à prendre des plis sur Jean "Patapouf" Charest?

Insistons: malgré tout, Bourrassa ne mérite pas qu'on utilise sa mémoire pour jeter aux vidanges celle de générations de Montréalais qui ont à coeur leur avenue du Parc. On a abondamment disséqué le débat, trouvé d'autres lieux/édifices/voies publiques convenant mieux à sa mémoire (un des commentaires laissés sur Cyberpresse: "Je n'ai pas pu intervenir hier soir au conseil de ville pour proposer un compromis honorable et représentatif de l'envergure de l'oeuvre politique de l'homme:
Renommer un cul-de-sac ou une ruelle "Impasse Robert-Bourassa"...."

Il est incompréhensible que Tremblay soit aussi insensible à l'avis de ses citoyens. Lesquels ont toujours une mince chance que le changement de nom n'ait pas lieu, puisqu'une commission de toponymie doit aussi mettre son étampe sur le document...


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