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19 mai 2006

Money talks! 


Grosse, grosse semaine pour la connerie imprimée dans les quotidiens montréalais. Considérant que c'est plutôt une perte de temps - ces gens-là ne sont pas payer pour réfléchir et argumenter, mais pour faire de la propagande - je n'ai pas l'habitude de perdre mon temps à répondre à leurs sottises, mais là, le vase a débordé et la coche a sauté (ca devient une mauvaise habitude).

Premièrement, pour revenir sur les propos de Mme Castonguay. Avez-vous pris la peine d'écouter l'entrevue accordée par l'économisssse de Cirano. Ouf. Ouache. Franchement, en plus de s'enfarger dans ses explications, a-t-elle vraiment compris ce qu'est "le coût d'opportunité", parce que même selon la "science économique", ça ne se tient pas son affaire. Exemple: Quelqu'un gagne 62 $ par jour (le revenu tiré d'une job au salaire minimum). Il se présente à l'urgence et perd sa journée de travail. Résultat, en plus d'arriver de peine et de misère payer son loyer et suffisament de Kraft diner pour manger à sa faim, il doit faire un croix sur sa passe d'autobus... Dois-je continuer?

Deuxième grossierté, Michel Kelly Gagnon - l'ex de l'Institut Économique de Montréal (IEM) passé à la direction du Conseil du Patronat - s'indigne que les groupes communautaires nuisent à la prospérité". Extrait:
«Comment a-t-on pu en arriver là? Parce que des professionnels de la contestation réussissent souvent à se faire payer par l'État, pour dire à l'État quoi faire. En 2004-2005, le gouvernement du Québec a octroyé plus de 631 millions à quelque 5000 organismes d'action communautaire, par l'entremise de 75 programmes ou mesures d'aide financière. En moins d'une décennie, le montant des octrois accordés aux groupes communautaires a augmenté de 155 %.»
Ce que j'en pense ? Ça fait pas mal plus de monde aidé par millions investit que le contrat donné à Bombardier. Plutôt indécent que d'affirmer ce genre de niaiserie moins d'une semaine après que le gouvernement ait décidé d'aider ses tizamis à coup de milliards.

Mais le comble de l'insipidité vient de la plume de Nathalie Elgranby -économiste à l'IEM- qui répand régulièrement sa tartine néolibérale dans le JdeM. Extrait:
La Quinzaine du commerce équitable vient de prendre fin. Comme chaque année, cet évènement tente de convaincre les consommateurs du bien-fondé de garantir aux artisans et aux agriculteurs du tiers-monde un juste prix pour leur travail. Aux dires de ses partisans le commerce équitable serait une solution à la pauvreté. Or, "commerce équitable" n'est qu'un slogan racoleur qui permet aux consommateurs occidentaux de s'acheter une bonne conscience en déboursant quelques sous de plus pour leur café ou chocolat. En réalité, ce concept est une combinaison de commerce et de charité qui freine le développement des pays pauvres au lieu de l'accélérer. Quand on protège un producteur non compétitif, celui-ci ressent moins le besoin d'améliorer sa productivité et perpétue des méthodes de production inefficaces qui l'empêcheront toujours de rivaliser sur le marché mondial. Or, en payant artificiellement plus cher pour quelques produits dits équitables, nous incitons les producteurs à entretenir des cultures et des modes de productions peu rentables. ..
Là, ca va faire. On accuse souvent la gauche de vivre dans ses utopies. Et bien, laissez-moi vous dire qu'ici c'est vous chère dame qui semble abonnée au Club des optimistes en proposant que la solution réside dans l'ouverture de nos marché aux pays du Sud. Vous avez sans doute un peu raison, l'ouverture de nos marchés à leurs exportations ne ferait pas de tord, MAIS ca fait plus de cinquante ans que se discute la libéralisation des marchés et - ce n'est pas un accident, mais le résultat des rapports de force-, le dossier de l'agriculure - l'exportation principale de ces pays pauvres comme vous les nommés - n'est toutefois pas encore réglé... L'Europe a sa "Politique agricole commune", les USA leur "Farm bill". Ici, l'UPA défend plutôt bien ses intérêts... Bref, vous vivez sur une autre planète, nos marchés sont jalousement gardés. Je ne suis pas non plus un apologiste du commerce équitable - me semble qu'on ne va pas bien loin avec une philosophie du "Achetez c'est voter (et donc qu'un dollar, c'est un vote)", mais là, votre argumentaire me sidère. Dire qu'acheter équitable nuit aux travailleurs qui produisent ces denrées, ce n'est pas juste de la mauvaise foi de la pire espèce, c'est carrément de la désinformation... car en attendant que nos marchés s'ouvrent comme par magie aux pays du sud, le commerce équitable, bien qu'il s'agisse d'une solution du "moins pire", a certainement sa place et un impact positif.


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