"La lucidité n'est rien d'autre qu'une ivresse de puissants", Jacques Attali

Bien qu’ils prétendent n’avoir rien à vendre, c’est rien de moins qu’une idéologie que Bouchard et sa bande de copains boomers nous invitent à acheter dans leur petit catéchisme néolibéral pompeusement offert à la population québécoise plus tôt cette semaine.

Ainsi, les signataires du manifeste invitent à faire du Québec « un lieu inégalé de liberté économique ». Notre relative faiblesse économique en Amérique du Nord, notre endettement public, notre déclin démographique, le défi asiatique » feraient en sorte qu’il faille abandonner toute ambition de « social-démocratie », reléguée aux vestiges du passé.

Pas un mot sur le "défi(cit) démocratique", après tout il faut bien compétitionner le modèle chinois. Pas un mot sur le « défi environnemental », après tout il faut ouvrir les « vannes de l’énergie ». Pas un mot sur la croissance par la précarisation du travail… Plutôt circonscris le diagnostic.

On le veut bien, la population vieillie, mais n’avez-vous pas pensé que quand plus de 40 % des jeunes ont un emploi précaire, flexible, ce n’est pas simple d’avoir des enfants. Ce dont on a besoin c’est plus de CPE, plus de « conciliation travail-famille »[pour employer votre beau jargon]. Mais bon, semble-t-il que « Les Québécois travaillent moins que les autres Nord-Américains; qu’ils prennent leur retraite plus tôt ». Des paresseux quoi.

Par ailleurs, on le sait depuis longtemps St-Lucien est obsédé par le fait que l’on soit « la race blanche qui fait le moins d’enfants au monde [voir le récent documentaire sur le référendum]». À ce propos, les pronostics sur l’éventuelle chute du nombre de candidats à l’immigration m’apparaissent bien peu fondés. Nos grands penseurs auraient-ils peur qu’il y ait trop de « mélange »? Qu’on s’assure plutôt de faire une place véritable aux gens qui viennent s’installer… Faux débat ?

Bref, outre la proposition d’un « revenu minimum garanti » que les auteurs s’empressent malheureusement d’associer à un « dégel des frais de scolarité" [et sans doute au "Workfare"], il n’y a pas grand chose de bien original ou de particulièrement songé dans les mesures proposées par les auteurs. Ni de très tabou, le gouvernement Charest (comme le vôtre d’ailleurs M. Bouchard) nous a déjà fait connaître, à nos dépends, l’existence -- je pense à l'augmentation du coût de l'électicité notamment- de plusieurs d’entre elles.

Et puis tiens, vous me pardonnerez cette digression en terminant, pourquoi M. Facal ne reviendrait-il pas en politique (avec l’ADQ?) pour étendre au Québec le modèle de l'école-usine HEC où les cours se donnent dans des locaux commandités, où les étudiants sont des clients et où les professeurs sont des prestataires de services. Tant qu'à chercher des idées novatrices, pourquoi ne pas aborder la question le développement des logiciels libre dans le secteur de l’éducation (et de l’administration en général). Enfin, c’est-tu juste moi ou ces clowns n’ont pas encore compris comment mettre un document en ligne ? [UPDATE: ca d'l'air que non].

[lien vers le site du manifeste Pour un Québec lucide ( !!!)]
Voir aussi "Pour un manifeste lucide"...