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13 juin 2005

Liban: Percée du revenant Aoun 


De nos bureaux de Vancouver, BC - Après être rentré au pays en mai dernier suite à un exil de 15 ans, l'ex-général Michel Aoun vient de gagner son pari.

Dans les régions à majorité chrétienne du Mont-Liban, du Metn et de Zahlé, Aoun s'installe avec son Courant Patriotique Libre (CPL) et s'impose comme figure de proue de l'opposition anti-syrienne. Rappelons que M.Aoun et sa milice chrétienne avaient combattu l'armée syrienne avant que s'achève le conflit libanais (1975-90). Le retrait syrien lui aura permis de se représenter, lui qui fut contraint de gérer sa carrière politique de l'extérieur.

M.Aoun remporte une majorité de sièges pour le camp anti-syrien, le leader druze Walid Joumblatt devant se contenter de son fief du Chouf - la région druzo-chrétienne. Le Baabda-Aley, région voisine extrêmement influente possédant une démographie semblable, tombe sous l'égide du CPL. M. Joumblatt a concédé la victoire avec amertume et qualifie même Aoun "d'instrument d'ingérence syien importé de France". Les deux leaders voudront certainement débattre de qui représentera cette opposition désolidarisée.

La vallée orientale de la Békaa (fidèle au Hezbollah) ne constitue aucune surprise, hormis le fort taux de participation qui frôlerait les 60%. Il en va de même dans les autres circonscriptions; une nette amélioration considérant les résultats dans la capitale deux semaines plus tôt.

Ainsi, avec un dernier tour à faire dimanche prochain dans le Liban-Nord, l'opposition anti-syrienne, maintenant fragmentée, compte 46 sièges et le Hezbollah 33, sur un total de 128. Restent 28 sièges en jeu, et l'opposition demeure confiante de remporter la majorité à l'assemblée. La balance des sièges revient de facto aux députés sans opposants dans des fiefs concquis d'avance. M.Aoun, qui aura causé plusieurs surprises grâce à des alliances dans les camps opposés, ne freine devant aucun obstacle dans le but d'imposer son curriculum.

Parions qu'à la suite de l'ultime tour de scrutin, une consolidation des mouvements opposés au trafic d'influence syrien se forgera. Plusieurs appels en ce sens se font déjà entendre. Aoun, quant à lui, réclame déjà une enquête sur les dépenses gouvernementales dans le but d'endiguer une corruption omniprésente au sein de l'appareil étatique.

Comment se peut-il que, dans un pays où l'appartenance au clan ethnico-religieux modèle la vie, où on a connu des guerres de coreligionnaires, de gens aux intérêts identiques, ne voit-on pas plus de cohésion à un moment d'une telle importance? C'est ce qui constitue le mystère et le miracle Libanais.


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