<$BlogRSDUrl$>

9 février 2005

Chrétien vs Gomery: on se calme! 



Bon bon bon. Chrétien a fait son show hier, et tous les zanalystes n'en reviennent pas. Chrétien le combattif. Chrétien le vieux lion. Lancez-lui un cailloux, vous déclencherez une avanlanche. Chrétien en grande forme, ça paraissait même dans sa démarche en se rendant à la commission. Come on, arrêtez ça tout de suite!

Règlons d'abord le "stunt" des balles de golf. Je rappelle au cas où les travaux de la commission vous passeraient dix pieds au-dessus de la tête: avant la pause de Noël, Gomery raconte aux journalistes que faire faire des balles de golf avec une feuille d'érable dessus, c'est de la "small-town cheap politics".

Chrétien l'avale de travers, sa balle de golf commandée hors-saison (vous l'aurez deviné, c'était pour fournir les fonctionnaires et les présidents de banques qui pratiquent leur put dans leurs grands bureaux). Le "coup d'éclat" avait été bien mis en scène, par nul autre que Warren Kinsella (le frère de l'autre - lire à la mi-article sa réaction après le "stunt"), dont j'aimais par ailleurs le blog (surtout durant les élections canadiennes) mais qui vient de baisser dans mon estime après s'être auto-congratulé - lire l'entrée du 8 février. À la fin de la commission, aiguillé par son propre avocat dont le rôle était vraisemblablement d'annoncer le stunt, Chrétien ouvre son attaché-case et expose sa collection de balles de golf: Bush, Clinton, Ramos et surtout celle du bureau d'Ogilvy-Renaud, où travaillent Mulroney, Roy (l'ancien conseiller du précédent premier sinistre) et la fille même de Gomery! Ouuuuuuuuuuuuuuuuh. That's gotta hurt. "Dans ta face, Gomery", jappent à l'unison les observateurs.

HEY! D'abord, à ce que je sache, Ogilvy-Renaud n'est pas un parti politique. Ce qu'ils font avec leur argent (et non la nôtre), on s'en contre-crisse. De plus, associer ce que papa Gomery qualifie de "small-town cheap politics" à sa propre progéniture n'est pas ce qu'on peut appeler un bon coup. C'est un coup bas. C'est cheap et mesquin - on reconnait ben là votre vieux Lion de Chrétin, hein? - et complètement hors-propos, compte tenu qu'un cabinet d'avocat n'a pas de comptes à rendre sur le gaspillages de nos impôts, ainsi que nous venons de le voir. Enfin, est-ce que parce que Clinton et Bush ont leurs propres balles à distribuer que ce n'est plus de la "small-town cheap politics"? Contrairement à ce qu'a avancé Chrétien et qu'ont semblé gober les zanalystes, je crois que non. C'est totalement grotesque de flamber ainsi notre argent (qui aurait tant pu servir à ceux qui en ont le plus besoin) sous prétexte qu'il faut sauver l'unité canayenne. I call bullshit.

Cela étant dit, tous ont relevé, avec le même fantastique sens pour l'image qui punche, qu'au bout du témoignage, Gomery "tirerait le dernier coup au 18 trou" - lire: qu'il aurait le fin mot dans cette commission. Ajoutant du même souffle que Chértien s'est bien battu, qu'il a livré un bon témoignage, qu'il ne s'est pas compromis et qu'il a soutenu sa chère réputation (avec une tactique qu'on connaissait déjà depuis au moins une semaine - pas de surprise-là). Heureusement, le peuple n'est pas dupe, ainsi que le révèlait un (savant) sondage-maison-dernière-minute de TQS au Grand Journal d'hier soir: 85% des répondants ne le croient pas.

Et c'est précisément ce que les journalistes ont omis de relever (et corrigez-moi si je me trompe, en me pointant un article qui le souligne), par professionnalisme, pourrait-on arguer, puisqu'ils doivent honorer une objectivité qu'on sait toute relative. Personne n'avait de bonnes raisons de croire Chrétien. Pire: nous avions tous, Canayens-anglais comme Québécois, d'excellentes raisons de croire qu'il nous ment.

Laissez-faire les histoires de "tout n'est pas noir ou blanc"... Chrétien a-t-il dit la vérité lors de son témoignage? Si oui, tous les autres avant lui ont menti, et tout ce qu'il dit doit être pris pour du cash (celui qu'il a gaspillé sur le dos des québécois?).

Mais il ne fait aucun doute que Chrétien n'a pas dit toute la vérité. C'est donc qu'il a menti - c'est ce que le juge Gomery aura a mesurer, tout comme il aura à départager le vrai du faux des autres témoignages. Dans ce brouillamini, une seule chose est certaine, Chrétien a menti. Or, voulez-vous nous lâcher avec vos histoires de Chrétien-le-combattant-vieux-lion-ah!-il-n'a-pas-changé-ce-vieux-sacripant ? N'est-ce pas détourner le débat que de nous envoyer ses balles de golf en pleine première page de journaux?

En contrepartie, peut-être que si on avait un premier ministre canadien moins drabe (Mr. Dithers...), on ne se réjouirait pas autant de voir réapparaître ce vieil épouvantail à souverainistes et ses réparties boiteuses mais tellement comiques... Justement, ce sera à Heir Martin de passer au bat demain, dans le cadre de cette commission, au cours de laquelle Chrétien a semblé avoir en partie épargné le dit Heir, dans la mesure où sa parade est déjà aussi prévisible que l'argumentaire de Chrétien.

La prochaine fois, nous nous pencherons sur le fond de ces auditions plutôt que sur la forme. Mais pour l'heure: on se calme!


This page is powered by Blogger. Isn't yours?