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16 février 2005

Attentat majeur au Liban 


[intro de PostKrock: Le Périscope est fier de publier la première collaboration de notre nouveau rédacteur, Ekho. Spécialiste des questions proche et moyen orientales, Ekho portera son regard ces événements en plus d'agir en tant que correspondant occasionnel de la Côte Ouest. Le récent attentat contre Rafiq Hariri lui aura botté le derrière pour enfin nous soumettre ce premier et lumineux texte. Bonne lecture.]

Lundi matin, un engin explosif, vraisemblalement souterrain, détonne et emporte l'ex premier-ministre libanais Rafic Hariri, tuant du coup une quinzaine de personnes et en blessant plus de 135.

M. Hariri avait démissionné de son poste de PM en octobre dernier pour dénoncer les inclinaisons pro-syriennes du président de la république, le général Émile Lahoud. Depuis, M. Hariri s'affairait à consolider l'opposition en vue des législatives de mai prochain, anticipant une prise du pouvoir pour cette nouvelle coalition anti-syrienne.

De confession sunnite, en M.Hariri nous voyions émerger une alliance entre son parti et ceux des communautés chrétiennes maronites et druzes, de vieux alliés. Milliardaire, il fît fortune en Arabie saoudite durant les années noires de la guerre civile libanaise. Il entretenait des rapports positifs aussi bien avec la famille royale saoudienne qu'avec le président Chirac, qui aujourd'hui assistait aux obsèques du défunt, tenues à Beyrouth devant quelques 150000 personnes. Il a été l'artisan de l'accord de Taëf, lequel a mis fin au brasier libanais (1975-1990) pour créer un régime avec division et représentation du pouvoir sur base confessionnelle; du genre néo-féodal, le seul qui pouvait réellement être appliqué et respecté. Les conditions de Taëf réunies, le Liban a pu atteindre une relative stabilité tandis que Hariri, via ses sociétés oeuvrant dans de multiples secteurs (notamment l'immobilier), se faisait le rebâtisseur de Beyrouth et du Liban d'après-guerre.

Plongeant en politique, il a formé cinq gouvernements en tant que PM entre 1992 et 2004. Hariri a fait la quasi-unanimité chez la population, toute confessions confondues, un fait extrêmement rare.

Cependant, tout n'était pas rose. Ses relations tendues avec le président Lahoud, dont le mandat arrivait à échéance, dernièrement prorogué avec l'aval de Damas, ses opinions ouvertement en faveur du retrait des troupes syriennes du territoire libanais et la critique de l'ingérence voisine dans les affaires intérieures plaçant la Syrie au banc des accusés créaient le remous.

"Un suicide politique", affirment ces derniers, qui nient toute implication dans l'attentat revendiqué par un groupuscule obscur. Il serait toutefois étonnant que ce groupuscule eut diposé d'une telle technologie et qu'il déploie une telle logistique, considérant les moyens employés...

La Syrie n'a qu'à bien se tenir car il est fort à parier que les Libanais seront unis derrière celui que l'on considère desormais comme le symbole de la libération du "Pays du cèdre". À suivre.


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