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14 janvier 2004

À propos d'Oka... 


Extrait d'un article de la Presse Canadienne:
"Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Chagnon, a fait évacuer, tôt ce matin, les policiers des autres réserves qui étaient séquestrés par des manifestants.

M. Gabriel, qui avait nommé ces policiers de l'extérieur pour améliorer la lutte au crime organisé à Kanesatake, soutient que cette décision de Québec annule ses efforts. Il affirme que le ministre Chagnon remet ainsi le pouvoir à un groupe de bandits."

Concédons que la dynamique du problème qui règne à Kanesatake est d'un complexité qui dépasse le cadre de la vente de cigarettes à 25$ le "cartoon". Cette dynamique se situe à au moins deux niveaux.

Le plus flagrant: la présence d'une "mafia" autochtone (ces fameux Warriors) qui profite de leur réseau Kanhawake - Kanesatake - Akwasasne (aux États-Unis, là où notamment s'opèrent de ces casinos tant décriés par le Governator lors de sa campagne-spectacle électorale) pour passer un tas de trucs malsains et profitables.

Cette "mafia" qui tient coi la population amérindienne de Kanesatake, le chef (démocratiquement élu) James Gabriel tentait d'y tenir tête, et de façon fort intelligente: plutôt que de faire appel à la SQ, il a choisi d'inviter des policiers autochtones pour mater la rébellion. Or, le geste du sinitre Chagnon est à proprement dit un désaveu du chef Gabriel, une preuve de son amateurisme, de la vaine facilité qui n'amène pas de solution durable. Ou, comme le commentait aujourd'hui à Maisonneuve l'ex-animatrice de la radio de Radio-Canada Myra Cree (mohawk, résidente d'Oka, observatrice on ne peut plus éclairée), Chagnon, "ce politicailleur", fait honneur au slogan électoral de son parti: "Je suis prêt... à laisser tomber un chef démocratiquement élu".

À un autre niveau, les problèmes qui règnent à Kanasetake sont occasionnés par le flou politique et identitaire (légalement, Kanesetake n'est pas une réserve) entretenu par les deux paliers de gouvernements - fédéral, provincial. Selon le geste de Chagnon, on voit malheureusement que ce flou n'est pas prêt d'être évacué.

Ainsi, pour ceux que ce problème intéresse, je vous recommande la lecture de La Crise d'Oka: Miroir de notre âme, livre qu'a fait paraître en 2000 John Ciaccia, ministre des Affaires autochtones sous le gouvernement Bourrassa en 1990 et principal acteur du théâtre de la tristement fameuse crise.

De l'intérieur de la crise, Ciaccia, qui avait aussi été désavoué dans son rôle de négociateur, nous révèle la fragilité, en périodes troubles, des politiques gouvernementales en ce qui a trait aux autochtones. Et nous rappelle qu'en la matière, le gouvernement libéral est vraiment incompétent.


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